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MOIS MEURTRIERS !

Depuis des décennies, quand, dès le début de la deuxième quinzaine de janvier, les agriculteurs, les chasseurs, voyaient les premiers vols de grives, d'alouettes, de vanneaux remonter pour un retour vers le Nord, vite suivis par les grues et les passereaux ; qu'ils levaient des Bécasses dans des bois vides depuis fin décembre, ils n'avaient pas besoin de mesurer la taille des gonades (organes sexuels des Bécasses), pour savoir que la période de reproduction des oiseaux migrateurs avait bel et bien commencé,

Pour cette raison en France, dans les années soixante (1), la chasse de la Bécasse des bois fermait le premier dimanche de janvier et, l'espèce se portait bien.

C'est peut-être dans un soucis de préservation de cet oiseau, ou pour un autre, allez savoir, que des représentants d'un club spécialisé Français, ont réalisé de 1999 à 2002, une étude sur la maturité des gonades de la Bécasse des bois.

Cette étude plus que discutable, à cause d'un échantillonnage non représentatif, avait permis d'arracher au pouvoir décideur, la fermeture de la chasse à la Bécasse au 20 février en France. Déjà à l'époque, beaucoup de chasseurs n'étaient pas d'accord. Pour eux, c'était beaucoup trop tard !

Depuis 20 ans, jamais remise en question, jamais renouvelée (2), cette date de fermeture permet encore aujourd'hui aux « tapeurs » de tous poils et de tous horizons, de tuer des Bécasses alors que pour les plus précoces la période de reproduction a déjà commencé.

Bravo les gars, bel exemple de gestion responsable !

 

Que l'on se le dise ! Au 15 janvier, environ 85% des prélèvements sont réalisés. Les Bécasses survivantes sont les reproductrices de demain. Or personne ou presque(3) ne sait, si nous n'avons pas déjà prélevé davantage que ne le permet la capacité de renouvellement de l'espèce ! N'est il pas temps de s'arrêter? Pour beaucoup d'entre nous la réponse est oui, car en France (4), janvier et février sont bien les mois meurtriers pour les reproducteurs potentiels de la Bécasse des bois !

 

Si nous voulons que sa change, mobilisons nous pour la fermeture de sa chasse à minima le 15 janvier. Si nous cherchons la réponse à nos interrogations sur l'avenir de la chasse à la Bécasse avec nos chiens, elle est dans les bois, dans le ciel, sur la table, ne nous y trompons pas !

 

Nous sommes le 20 février. Je viens de terminer cet article. Devant chez moi les palombes roucoulent et s'accouplent, les merles qui se chamaillent les ont précédé depuis plusieurs jours. Un vol de grues tourne au dessus de la maison à la recherche des courants porteurs, puis cap au Nord. Le même spectacle a commencé dès le 30 janvier, sans doute avant. La nature respire le renouveau, la période des amours pour les oiseaux migrateurs et sédentaires a commencé.

Soudain dans le petit bois à 200 mètres de chez moi un coup de feu déchire l'harmonie du moment. Une Bécasse est elle morte ? Je le saurai peut-être un jour... Dans tous les cas, quelle que soit l'espèce, c'est un coup de feu de trop,  même si l'auteur n'est toujours pas en infraction!

 

(1) 1965.Connaissances et pratique de la chasse,Tony Burnand, éditions Denoêl

(2) Il paraît que sous la pression, pas seulement du réchauffement climatique, des représentants du club concerné, auraient entrepris une nouvelle étude sur les dates d'augmentation de la taille des gonades. Cette étude n'aurait elle pas pour seul but, d'essayer de permettre de continuer de tuer jusqu' au 20 février ? Si l'échantillon des Bécasses servant à cette nouvelle étude est aussi représentatif de la réalité que le précédant, elle ne servira à rien.

(3) Sur le site lachassedelabecassedesbois.com nous le disons et l'écrivons depuis longtemps.

(4) Pour l'effectif reproducteur Bécasse des bois, janvier et février, sont aussi meurtriers dans tous les pays d'hivernage et de transit hivernage qu'en France.

 

 

 

 

 

 

 

Philippe Vignac. Chasseur Chercheur Bécasse des bois. 20 Février 2023.

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